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Photo du rédacteurChristian B.

Qaanaaq, village du bout du monde

Dernière mise à jour : 24 févr. 2023

Me voici donc arrivé à Qaanaaq, sur les lieux même où se sont installés les derniers rois de Thulé, sur la rive nord de l'Inglefield Fjord.

Coincé entre une langue glaciaire de l'inlandsis et la mer, ce petit village est en fait assez récent puisque sa création est la conséquence du déménagement des inuit* d'Uummannaq, carrefour millénaire de la civilisation inuk, 100 kilomètres plus au sud, lors de l'arrivée des américains en 1951 pour y installer la base aérienne secrète de Thulé, au plus fort de la guerre froide avec des moyens si importants qu'elle en avait perturbé la tranquillité des autochtones, en fait une expulsion par l'oncle Sam avec la complicité du gouvernement danois, masquée en volontariat !

Thulé, Qaanaaq, Siorapaluk, Etah, Odâk, mais aussi Cook, Peary, Henson, Freuchen, autant de noms évocateurs qui nous replongent sur les traces presque mythiques du peuple le plus septentrional de la planète et celles, non moins mythiques, de la conquête du pôle !

Un peu d'histoire : tout a commencé au début d'août 1828 lorsque les bateaux de l'expédition commandée par John Ross, l'Isabella et l'Alexander, croisent dans la région d'Uummannaq. Les Inuit découvrent qu'ils ne sont pas seuls au monde, que plus au sud vivent des hommes, beaucoup d'hommes... Ils ne sont que 20 à 30 familles, soit tout au plus 150 personnes.

Une décennie plus tard, les baleiniers feront de nombreuses incursions et du troc s'organisera, pas toujours au bénéfice des inuit.

Parallèlement, les inuit assisteront et parfois participeront à la formidable succession d'explorations polaires, les premières pour cartographier toute la région de l'extrême nord canadien, les suivantes dans les tentatives pour la conquête du pôle. Il serait trop long de parler de ces aventuriers, de ces hommes intrépides et courageux, un seul livre n'y suffirait pas et d'ailleurs nombreux sont ceux qui ont été écrits sur le sujet. Citons quand même quelques-uns de ces hardis explorateurs : Hayes en 1860 et 1861 à la recherche de la mer libre qu'il croît existante au pôle. Hall qui tentera de gagner le pôle de 1871 à 1873; il sera empoisonné par son équipage en révolte devant les privations. Greely qui passe l'hiver à Fort Conger, où il est bloqué par la glace, sans ravitaillement, il y aura 19 morts dont 16 de faim ! Les américains Peary et Cook qui s'affrontent en 1908 / 1909 pour cette conquête du pôle, chacun disant l'avoir atteint, alors qu'on estime aujourd'hui que c'est possible pour Cook mais que Peary, devenu amiral et héros des États Unis est un imposteur...

Ils sont donc encore une poignée, à peine 650, à vivre dans ce pays si minéral, si glacé, que le premier bateau pour les ravitailler n'arrive jamais avant début août et qu'ils n'ont dans leur dialecte qu'un même et seul mot pour désigner à la fois l'hiver et l'année : oukiok. C'est tout dire du climat !

*inuit pluriel de inuk pour esquimau.

→ Cliquer sur les photos pour les voir en grand format


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