Entre le lac de Braies dans le Trentin-Haut Adige et Belluno en Vénétie, l’Alta Via N° 1 chemine à plus de 2.000 mètres d’altitude à travers les Dolomites italiennes. Une Haute Route, littéralement. Reculée, préservée et panoramique ! C’est en 1969 que Piero Rossi publie un petit livre intitulé « Alta Via delle Dolomiti » – premier tome d’'une longue série – dans lequel il décrit un itinéraire de randonnée à travers le massif des Dolomites italiennes.
« Cette Alta Via traverse certaines régions des Dolomites restées non touchées par les foules et autres touristes du dimanche. Au cœur de cette région, aucune voiture ne pénètre, la préservant ainsi de massives invasions. Ici, vous avez juste à marcher un peu depuis le fond de la vallée pour être en paix et vous retrouver au beau milieu de montagnes, sauvages et préservées… ».
L'un des fondateurs du tracé, Toni Sanmarchi décrivait en ces mots le caractère sauvage et intact de l’Alta Via 1, en 1973. Pour notre bonheur à tous, ces lignes sont encore d’actualité !
Depuis plusieurs années, à la fin de chaque été, me venait l’idée d’aller parcourir cette Alta Via qui longe des parois où si un grimpeur lâche un mousqueton vous avez de bonnes chances de le recevoir sur la tête tant elles sont surplombantes ! Et puis ce printemps, quelques amis de sac et de corde ont accepté de venir à la découverte de ce coin de montagne…
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J01- Mercredi 10 septembre ~ Lac de Braies → Rifugio Biella → Rifugio Sénnes
Départ 8 h 32, arrivée 13 h 40, 9,3 km, D+994 m, D- 362 m, difficulté T2, deux passages T3, itinéraire bien balisé. Beau temps devenant orageux dans l'après-midi avec quelques gouttes. Carte avec le parcours - détails techniques - fichier GPS [ clic ]
Plutôt que rejoindre l’hôtel Braies dont l’accueil laisse à désirer comme je l’ai lu ici ou là, et comme je l’avais testé en 2009 en faisant un détour par ici, nous avons passé la nuit à Villabassa à la Pension Klara, accueil sympathique, où nous pouvons laisser notre voiture sur le petit parking, l'arrêt du car étant à 50 mètres. Nous avons pris celui de 8 heures 07 et nous étions au Lago di Braies peu après 8 heures 30.
Depuis l'hôtel de Braies situé à la pointe nord du lac, nous avons suivi la piste tantôt en terre, tantôt cimentée de sa rive ouest. Ensuite, c’est un sentier qui longe le lit d'un torrent avant de s'élever de plus en plus dans un talweg, traversant successivement une forêt de pins, arrivant contre une falaise où des câbles aident à progresser sur le sentier devenu étroit mais bien aménagé avec des marches consolidées par des troncs d'arbres.
Nous avons laissé sur notre gauche le sentier qui va à la Rosalmhütte abandonnant un sympathique groupe de randonneurs de La Rochelle qui nous précédait. Nous avons traversé à nouveau un bosquet et, après un agréable sentier-balcon, nous sommes venus buter contre une portion de falaise où la progression était facilitée par des câbles.
Peu après midi, nous avons atteint la Forcella Sora Forno ( 2.388 m ) et son oratoire alors que le ciel commençait à se couvrir. Un sentier raide mène rapidement au Rifugio Biella ( 2.327 m ). Ensuite, dans un paysage lunaire, nous avons suivi une piste en terre sur près d'un kilomètre avant de bifurquer à droite sur le sentier « N°6 » qui s'élève à travers un paysage de landes pour rejoindre une crête d'où on descend le long d'un pré puis sur un chemin caillouteux jusqu'au Rifugio Sénnes ( 2.116 m ), atteint à 13 heures 40 et où nous a été réservé un accueil sympathique. Dans l’après-midi, nous nous laisserons tenter par l'un des desserts incontournables du Sud Tirol, de l’Autriche et de la Bavière : l’apfelstrüdel, chausson de pâte feuilletée légère, fourré de morceaux de pomme, de raisins, le tout couronné d'une fine pellicule de sucre-glace.
J02 – Jeudi 11 septembre ~ Rifugio Sénnes → Rifugio Lavarella
Départ 8 h 32, arrivée 12 h 12, 10,4 km, D+ 572 m, D- 648 m, itinéraire peu balisé mais on ne peut pas se tromper. Difficulté T2. Beau temps devenant orageux dans l'après-midi avec quelques gouttes. Carte avec le parcours - détails techniques - fichier GPS [ clic ]
Nous avons suivi la piste vers le sud traversant le Pian della Lasta en suivant le sentier « N°7 », le chemin s'engage peu après dans une gorge et descend en lacets vers le Rifugio-Hotel Pederü ( 1.548 m ) en bout de route avec un parking noir de monde.
La journée s'est poursuivie en remontant par un sentier-balcon à travers de vieilles moraines dominées par les belles parois des Fanes, puis par une piste carrossable jusqu'au Rifugio Lavarella ( 2.042 m ), bâti sur un replat herbeux agrémenté d'un laquet ; notre refuge est bâti sur sa rive sud, tandis qu’un autre refuge, le Rifugio Fanés est bâti sur sa rive nord-est.
Avant l'averse quotidienne, nous ferons une visite de la chapelle voisine où les inscriptions sont en ladin, la langue locale. Le drapeau de cette région – bleu, blanc et vert flotte sur un mât à côté du drapeau italien.
J03 – Vendredi 12 septembre ~ Rifugio Lavarella → Rifugio Lagazuòi
Départ 7 h 30, arrivée 12 h 10, 12,8 km, D+ 1100 m, D- 400 m, itinéraire assez peu balisé mais on peut difficilement se tromper. Difficulté T3. Beau temps devenant orageux à partir de 11 h 30 puis quelques giboulées de grésil et neige en soirée. Carte avec le parcours - détails techniques - fichier GPS [ clic ]
Nous avons commencé par suivre le chemin marqué « 10-11 » qui, après une série de lacets, débouche sur un plateau rocailleux avant d’atteindre le Col di Limo ( 2.174 m ) puis le lac éponyme ( 2.159 m ). Au sud du lac, nous avons continué sur la piste « 11 » cheminant le long d'alpages vallonnés en direction du chalet Fànes Grande ( 2.100 m ) et poursuivant un long chemin vers le sud-ouest jusqu’au Ju da l’Ega ( 2.157 m ). Nous avons pris ensuite le chemin « 20b », une montée caillouteuse, suivie d'un sentier balcon agrémenté d'un bref passage rocheux qui demande un peu d'attention, menant à la Forcella di Lech ( 2.486 m ).
Nous voici au sommet d'une des plus belles descentes de notre randonnée : un sentier très raide, entre les parois verticales du Piza di Lech ( 2.654 m ) et de la Cima Scotoni ( 2.874 m ), véritable saignée qui, en hiver, doit être un couloir avalancheux particulièrement bien nourri.
Le sentier, superbement aménagé, suscite l’admiration car il doit chaque année faire l'objet d'une réfection sur ses 250 mètres de dénivelé jusqu'au petit Lago Lagazuòi : les virages serrés sont sécurisés, les marches bien marquées, soutenues par des billes de bois, des éléments métalliques...
Sur ce versant pousse une flore remarquable constituée de pavots des alpes et de centaines de fleurettes qui subsistent encore en ce début d'automne, probablement en raison de sa situation abritée et peu ensoleillée.
C'est une longue et monotone montée vers le sud, mais quel spectacle que celui de la face ouest de la Cima Scotoni. Alors que nous remontons par le sentier « 20 » en direction du Rifugio Lagazuòi ( 2.752 m ), un fin grésil se met à tomber. Il nous reste encore 200 mètres de montée alors que s’aperçoivent de nombreux trous dans la paroi, restes d'abris creusés dans le rocher lors du conflit de 1915-1918.
Des plaques explicatives disposées sur le parcours émaillent la montée et c'est enfin un chantier de pose de canons à neige qui nous fait progresser dans une boue rougeâtre, jusqu'au refuge, à deux pas de la gare d'arrivée d'un téléphérique qui fonctionne toute l'année. Beaucoup de monde au refuge en ce vendredi soir, accueil correct disons commercial.
À la fin de l'après-midi, le grésil se transforme en gracieux flocons qui s'accumulent sous un fort vent du nord.
Date 10/09/2014, distance 9,3 km, difficulté T3, D+ 994 m / D- 362 m,
Carte avec le parcours - détails techniques - fichier GPS ici [ clic ]
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Je vous invite à regarder le montage audiovisuel ( 7,41 minutes ) ci-dessous.
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