Voilà un peu plus d’une semaine que je suis entré en Estrémadure, les paysages y sont remarquables, paysages de chênes et d’oliviers, de coteaux boisés et de pâturages où paissent des troupeaux de vaches et de moutons. Au Moyen Âge, cette terre si fortement agricole a donné le jour à quelques conquérants du Nouveau Monde tel Francisco Pizzaro sanguinaire découvreur de l’empire inca.
Et puis l’Estrémadure est le paradis des oiseaux ( on considère que la région est la plus favorable d’Europe pour la nidification de nombreuses espèces ). J’y ai vu des quantités d’hirondelles, de faucons crécerelles, de gobe-mouches ou encore de corbeaux. Les cigognes sont chez elles ici et on y voit leurs nids un peu partout comme sur les pylônes des lignes électriques haute tension ou sur les clochers des églises.
Après avoir, il y a trois jours, quitté Cañaveral ce fut une nouvelle étape bien longue comme toutes celles de cette semaine – en général entre 25 et 30 kilomètres chaque jour – commencée par une raide montée au Puerto de los Castaños sous la pluie qui plus est pour rejoindre Galisteo, avançant par des pistes rendues boueuses.
Il y avait une suite de portillons à ouvrir et refermer et encore beaucoup de troupeaux de vaches et moutons. Une heure avant d'arriver à l'étape, le balisage invite à faire un long détour par Riolobos, l'itinéraire classique étant l'objet d'un litige à trancher par la justice locale entre un ganadero et la Junta d'Estremadura. J'avais lu un avis qu'il n'y avait pas lieu de faire ce détour car la position du ganadero était illégale aussi ai-je suivi le parcours traditionnel m'obligeant à l'escalade de trois barrières fermées par une chaîne et cadenassées !
La dernière montée sur la piste particulièrement boueuse a été dure et j’ai été soulagé quand je suis arrivé aux pieds des remparts qui entourent ce village.
Galisteo est un petit village fortifié où j’avais fait étape mais que je m’étais abstenu – à tort – de visiter lors de mon passage en 2011. Cette fois, j’ai pris le temps d’aller à la découverte de cette petite cité de 2.000 habitants avant de me diriger vers Carcaboso, une toute petite étape de onze kilomètres, mais en quelle que sorte ma première journée de repos depuis Séville.
L'étape suivante depuis Galisteo vers les ruines de Caparra a été super belle ; j'ai traversé une finca sur douze kilomètres, avec de beaux pâturages très verts et couverts de fleurs, avec de nombreux chênes verts et chênes-liège où les troupeaux de vaches vous regardent avec un grand intérêt. Dès le lever du jour, les chants des oiseaux m'ont offert un merveilleux concert ! Il y avait encore beaucoup de cigognes, on les voit voler dans la campagne à la recherche de nourriture, dans des vols magnifiques...
C‘est un parcours mythique, mythique parce que après Carcaboso, on ne trouve plus aucun hameau, rien que des prairies avec des chênes à perte de vue sur 41 kilomètres ! Il y a plusieurs manières de procéder pour traverser cet espace immense : certains font le parcours en une seule fois depuis Galisteo ignorant le petit pueblo de Carcaboso, soit une randonnée de 51 kilomètres ( ! ), la plupart, au Centro de Interpretacion de l'Arc de Caparra, soit après 30 kilomètres de marche depuis Galisteo, font venir la navette d'un hôtel qu'ils ont préalablement réservée.
Pour ma part, j'avais choisi de faire étape à Carcaboso pour ensuite traverser sereinement vers l'Arc de Caparra puis huit kilomètres plus loin, quitter le chemin et bifurquer vers l'est pour rejoindre à Jarilla, l'hôtel Asturias directement, soit un long parcours de 30 kilomètres.
Hier, j'ai donc quitté Carcaboso alors qu’il faisait encore nuit, sous un ciel merveilleusement étoilé ; juste au-dessus de moi, la Grande Ourse étincelante, si lointaine et en même temps si proche, qu'elle semblait toucher la terre. Et puis les oiseaux ont entamé leur concert matinal, les coucous se sont mis de la partie...
Au lever du jour, les cigognes faisaient des vols magnifiques au-dessus des étangs et dans les prairies immenses, les vaches meuglaient auxquelles répondaient les mugissements de quelques taureaux en rut que l´on pouvait apercevoir au milieu des ombres fantastiques formées par les grands chênes qui se dressaient au loin...
Enfin, je suis arrivé sous l'Arc de Triomphe de Cáparra illuminé par le soleil levant. C'est un moment magique qui marque tous ceux qui sont passés par ici, car l’Arc de Cáparra est le point d’orgue de cette étape mythique... À l'époque romaine Cáparra était une des colonies les plus importantes en Lusitanie. De ce passé glorieux, il ne reste que cet Arc de Triomphe... Je suis donc passé sous cet Arc de Caparra tel César à la tête de ses légions.
Aujourd'hui, après avoir fait halte à l'hôtel Asturias, j'ai rejoint de nouveau la via de la Plata en longeant la route peu fréquentée au lever du jour avec pour me distraire, en arrière-plan, les sommets dont certains enneigés de la Sierra de Gredos.
Les kilomètres défilent, les jambes et les pieds sur cette route goudronnée commencent à fatiguer après Aldeanueva del Camino et c'est un soulagement d'arriver à Baños de Montemayor où, plutôt que démarrer à froid demain au petit jour la longue montée raide de la chaussée romaine sur plus de trois kilomètres vers le Puerto de Bejar, j'ai ignoré l'albergue de Baños de Montemayor curieusement installé dans le Centro de Interpretación de la via de la Plata et pourtant confortable, pour rejoindre l'accueillant albergue rural El Acebo du Puerto de Bejar (950 m), d'ailleurs aussi agréable et confortable…
Je suis donc entré ce soir en Castilla y León, demain l'étape prévue sera longue et la pluie est annoncée...
Date 18/03/2015, distance 27,2 km, difficulté T3, D+ 486 m / D- 556 m,
Carte avec le parcours Cañaveral → Galisteo - détails techniques - fichier GPS [ clic ]
Date 19/03/2015, distance 11 km, difficulté T2, D+ 107 m / D- 123 m,
Carte avec le parcours Galisteo → Carcaboso - détails techniques - fichier GPS [ clic ]
Date 20/03/2015, distance 29,7 km, difficulté T3, D+ 388 m / D- 278 m,
Carte avec le parcours Carcaboso → Jarilla - détails techniques - fichier GPS [ clic ]
Date 21/03/2015, distance 23,8 km, difficulté T3, D+ 575 m / D- 83 m,
Carte avec le parcours Jarilla → Puerto de Bejar - détails techniques - fichier GPS [ clic ]
→ Cliquer sur les photos pour les voir en grand format, les photos encadrées en blanc datent de mon parcours en 2011, celles encadrées en rouge de mon parcours en 2015