Souvent appelé simplement « Vorlandet » ( l'Avant-Terre ), Prins Karls Vorland ( ou Prins Karls Forland ) est une île étroite qui s'étire tout en longueur devant la côte ouest du Spitzberg, entre l'Isfjord et le Kongsfjord. Elle a 86 kilomètres de long, entre 5 et 11 kilomètres de large pour une superficie de 640 km². Cette île présente une grande diversité du point de vue des paysages, de la biologie et de l'histoire.
Les eaux environnantes sont en partie peu profondes surtout à Fuglehuken, la pointe nord de l'île, et à l'est de Murraypynten où le détroit n'est franchissable que par des petits bateaux. Pour cette raison, presque tous les navires qui vont de l'Isfjord au Kongsfjord, doivent passer au large de l'île à la grande déception des passagers des gros navires de croisière.
L'Avant-Terre du Prince Charles est un Parc National où se trouvent deux réserves ornithologiques qui sont des zones de reproduction importantes : les îles Plankeholmane à la pointe sud et les îles Vorlandsøyane situées un peu plus au nord.
L'île présente des formes de paysages bien délimitées : Salfjellet ( 430 m ) une montagne en forme de selle au sud, est séparée du nord montagneux par Vorlandsletta, une vaste plaine de 15 kilomètres de long à 17 mètres d'altitude, si bien qu'on a l'impression, vu de loin, qu'il s'agit de deux îles différentes. À part cela, se trouve presque partout une zone côtière plate entre la chaîne montagneuse et la mer, mais sans baies abritées. C'est surtout dans la moitié sud que l'on trouve une succession de rivières, de lagunes et de collines longues et peu élevées, souvent selon une direction nord-sud imposée par la géologie qui a fait naître par endroits des baies profondes, étroites et parallèles à la côte, ainsi que des formes géométriques visibles sur les cartes topographiques.
Au centre et au nord de l'île se trouve un paysage de montagnes de type alpin, montagnes qui atteignent plusieurs fois, dans les Grampianfjella, une altitude de 1.000 mètres, le point culminant étant le Monacofjellet avec 1.084 mètres. Cette chaîne montagneuse est fortement englacée du côté est et les glaciers dévalant les pentes abruptes offrent par beau temps un paysage somptueux.
La partie plate, proche de la côte, est en partie pierreuse et extrêmement pauvre mais avec par endroits de très beaux sols polygonaux et des séries de plages surélevées.
Sur de vastes espaces la flore reste très pauvre et c'est seulement à proximité des falaises à oiseaux que la toundra est d'un vert éclatant. Sur les versants montagneux abruptes, comme à la pointe nord avec Fuglehuken, se trouvent de grandes colonies d'oiseaux marins ( guillemots de Brünnich et mouettes tridactyles entres autres ), qui attirent le renard polaire. C'est aussi à proximité que se trouve la colonie de phoques communs la plus nordique au monde, laquelle est sans doute un vestige d'une période climatique plus chaude remontant à quelques milliers d'années, mais je ne les ai pas vus ! Sur la côte est de l'île se trouvent aussi des aires de repos pour de petites colonies de morses, les seules connues situées le plus sud pour la partie ouest du Spitzberg. Enfin, l'ours polaire peut surgir à tout moment et n'importe où, le détroit de 20 kilomètres séparant l'île de la côte du Spitzberg n'étant absolument pas obstacle pour lui l’été et encore moins l’hiver !
Nous avons quitté dans l’après-midi notre mouillage à l’Ymerbukta et après avoir contourné le Dodmansoddet, dans la nuit nous avons remonté le Forlandsund.
Au jour – ça m’amuse à chaque fois d’utiliser ces expressions de « nuit » ou encore « lever » et « coucher du jour » ( ou du soleil ) qui n’ont ici guère de sens ! – sous un ciel bas et à toute petite vitesse, le capt’ain ayant repris la barre, nous avons passé la zone de hauts fonds – une ancienne moraine glaciaire désormais immergée - un passage particulièrement délicat séparant Murraypynten sur Prins Karls Vorland de Sarstangen au Spitzberg pour venir mouiller devant Heemikerchneset.
Nous avons débarqué et sommes allés observer une importante colonie de morses, les uns s’ébattant dans l’eau d'où, curieux, ils venaient nous épier des fois que l’on se serait mis à l’eau ( brrrrr… ) pour jouer avec eux, d’autres profondément endormis sur la plage de galets partagée avec quelques eiders.
Après deux bonnes heures à terre consacrées à l’observation, nous avons rehissé une voile pour gagner le Kongsfjord.
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