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  • Photo du rédacteurChristian B.

Trois « transats » Go to Brazil

Dernière mise à jour : 24 févr. 2023

Je ne suis pas footeux, mais impossible de passer à côté actuellement, tout le monde en parle, la télé, la radio, la presse écrite nous en inondent ! Goooooooool ! Rien de plus pénible pour un non footeux ! Pour autant, c'est pour moi l'occasion de voir à travers les images tournées par les équipes de télévision en marge de cette coupe du monde de football, des reportages sur ce pays étonnant. C'est aussi l'occasion de revoir quelques villes où j'ai fait escale il y a bientôt dix ans après avoir traversé l'Atlantique sur Pen Duick VI, le bateau d'Éric Tabarly. J'ai déjà eu l'occasion de vous parler de ce superbe voilier de 22 mètres, taillé pour la course ( lire mon article sur les Îles Vierges ). Cette croisière dans les Caraïbes m’avait donné envie de faire une grande traversée océanique sur ce beau bateau de légende et puisqu’à l’automne suivant Pen Duick partait en Amérique du Sud, j’ai décidé d’en être !

Le PDG du groupe qui m’employait ayant bien voulu m'accorder un mois de congé sans solde et la directrice générale du groupe allant faire des visites régulières à Genève pour régler les problèmes journaliers avec mon équipe en mon absence ( merci encore Françoise, vous qui me faites l’amitié de lire ces billets, vous avez contribué ainsi à la réalisation de mon aventure ) - j'ai donc rejoint l'équipage sur l'ile de Sal, dans l'archipel du Cap Vert.

♦♦♦♦

J-03 ~ Samedi 22/10

Lever très matinal, l’autobus d’Annecy pour Genève était à 4 heures 50, j’ai décollé de Cointrin à 7 heures pour rejoindre Lisbonne où j’ai passé l’après-midi à découvrir la capital du Portugal.

J-02 ~ Dimanche 23/10

Avant de comprendre, je me suis demandé ce qui se passait dans la salle d’attente d’embarquement de l’aéroport de Lisbonne-Portela : trois équipes de télévision, des hôtesses, des fleurs et des ministres en costume trois pièces, c’était le vol inaugural de la liaison Lisbonne → Praia ( capitale du Cap Vert ), les vols internationaux arrivant jusqu’à présent sur l’île de Sal. Évidemment, nous avons décollé avec deux heures de retard et à l’atterrissage sur l’aéroport de Praia, mon avion pour Sal venait de partir. J’ai pris le suivant annoncé d’abord à 23 heures 30, puis à 21 heures 30 et enfin à 22 heures 30 ( toutes les heures données dans ce récit sont en heures locales )…

Nous avons atterri à Espargos, principale ville de l’île peu avant minuit, il était trop tard pour rejoindre mon bord, aussi j'ai hélé un taxi pour qu'il me conduise dans un hôtel, il reviendra demain me chercher après le petit déjeûner.

J-01 ~ Lundi 24/10

À l’heure convenue, le taxi m’a amené à Palmeira, le petit port ( ou ce qui en tient lieu ) de l’île de Sal. Pen Duick VI est bien mouillé au milieu de la baie et un sympathique pécheur fera la navette me permettant de rejoindre mon bord sous un soleil déjà bien présent.

Je retrouve Loïck, le skipper du bateau et avec lui, un équipage de trois professionnels, une équipe donc bien renforcée par rapport à la croisière du printemps dernier dans les Îles Vierges. Avec eux, dix équipiers dont je fais la connaissance.

Un peu plus tard, nous nous entassons dans deux aluguers pour aller faire des approvisionnements à Espargos en vue de notre traversée, il s’agit d’embarquer de quoi nourrir l’équipage durant presqu’un mois ! Un ( tout ) petit minimarket fera l’affaire.

Dîner d’équipage dans le seul petit restaurant de Palmeira.

J01 ~ Mardi 25/10

Nous avons levé l’ancre peu avant 11 heures cap au sud-ouest ce qui nous va nous faire passer au milieu de l'archipel des Sotaventos ( les « îles sous le vent » ). Navigation pour demoiselles, sous le soleil, où chacun s’habitue au bateau et trouve à s’occuper.

En soirée, Loïck organise les quarts pour les navigations de nuit, une méthode curieuse d’ailleurs où on passe la première heure à jeter un coup d’œil de temps à autre au bateau, à descendre de temps à temps mettre à jour le Livre de Bord ou préparer une boisson chaude dont on remonte une moque au barreur, le second équipier de quart, et à deviser avec lui de choses et d’autres et surtout à admirer le magnifique ciel nocturne empli d’étoiles qui me fait penser au poème de Victor Hugo « Booz endormi » dont je vous livre ici les derniers vers :

Les astres émaillaient le ciel profond et sombre,

Le croissant fin et clair parmi ces fleurs de l’ombre,

Brillait à l’occident, et Ruth se demandait,

Immobile, ouvrant l’œil à moitié sous ses voiles,

Quel dieu, quel moissonneur de l’éternel été,

Avait, en s’en allant, négligemment jeté,

Cette faucille d’or dans le champ des étoiles.


Une heure plus tard, le barreur descend prendre un repos qu’on espère bien gagné et on le remplace, alors qu’un nouvel équipier vient vous tenir compagnie durant votre deuxième heure de quart. Les jours où nous sommes de « ménage », en contrepartie de cette tâche, on dort toute la nuit !

J02 ~ Mercredi 26/10

Ce matin, splendide lever du soleil, la mer est calme, le vent faible, pas un nuage. On s’occupe, les uns s’installent dans le cockpit, d’autres sur le pont à l’ombre de la grand voile pour jouer aux cartes, d’autres encore vont lire dans le carré. J’ai mis une ligne à l’eau et j’aurai la chance de prendre un sar à tête noire du Cap Vert.

Tout au long de l’après-midi, nous avons longé la côte ouest de l’île de Santiago et ensuite sa côte sud, notre skipper ayant décidé de faire une courte escale technique à Praia, capitale et ville la plus importante du Cap Vert afin de compléter la cambuse.

Nous avons jeté l’ancre devant la ville à 18 heures, en sommes repartis à 21 heures 30 et dans la nuit, nous avons mis le cap sur l’île de Fogo.

J03 ~ Jeudi 27/10

Au milieu de la matinée, apparaît dans la brume le cône du volcan de l’île de Fogo, un volcan encore actif qui culmine à 2.829 m. La matinée se passe à longer la côte sud de l’île pour venir mouiller peu après 14 heures 30 devant l’entrée du petit port de São Filipe où un voilier est déjà installé.

Nous avons ensuite rejoint le village situé en haut de la falaise pour une courte visite, un passage au marché, un verre dans un petit bistrot et retour au bateau. L’ancre est relevée, il est près de 21 heures, direction le Brésil…

J04 ~ Vendredi 28/10

Au lever du jour, l’alizé est un peu paresseux, mais le ciel est sans nuage. Chacun s’installe dans le rythme des traversées transocéaniques. Il y a les tâches du bateau, réglage des voiles ou quelques menues réparations, cuisine et farniente. En fait, on vit à un rythme ralenti et c’est ça que j’aime bien dans la navigation hauturière.

En journée, il n’y a pas de quarts à assurer ( sauf pour le nettoyage du bateau ), tient la barre celui qui en a l’envie, mais dès la tombée du jour la règle des quarts s’applique avec chaque jour, un décalage d’une heure pour que les heures de la nuit les plus ingrates ne tombent pas toujours sur les mêmes.

J05 ~ Samedi 29/10

Le ciel bleu d’abord sans nuage se charge dans la matinée en cumulus bien pommelés, si typiques de l’alizé.

Peu avant midi, Goulven, le second du bord, pèche une dorade coryphène, un poisson superbe, l’un des plus beaux poissons que l’on puisse pêcher. Sa robe verte, turquoise et or est tout simplement éblouissante et c’est un poisson qui se bat lorsqu’on le pèche… Voilà qui rompt un peu la monotonie des repas classiques, elle va terminer en carpaccio !

En soirée, premiers nuages typiques des ciels des tropiques mais lorsqu’ils se seront dissipés, la nuit sera aussi calme que les précédentes, étoilée à souhait en première partie de nuit.

J06 ~ Dimanche 30/10

Au lever du jour, le ciel est assez couvert et le restera une bonne partie de la journée. Mais dans la nuit le ciel se couvre de nouveau et nous aurons plusieurs grains orageux entrecoupés de calmes d’où de fréquents changements de voilure par les hommes de quart renforcés de quelques volontaires.

Dans un grain, nous explosons le génois. Il était en fin de carrière et devait être remplacé, mais le bateau a dû appareiller avant qu’il ne soit livré. Il arrivera à Rio de Janeiro mais pour le reste de la traversée, il va nous manquer et nous allons perdre en vitesse dans les petits temps.

J07 ~ Lundi 31/10

Le ciel est à nouveau d’azur et avec sa ration de cumulus pommelés. Le capt’ain et un des deux matelots se mettent en cuisine pour faire cuire du pain. Le pain frais a été apprécié.

J08 ~ Mardi 1/11

Nous sommes entrés depuis hier au soir dans le pot au noir, avec un ciel parfois couvert de nuages bas et à d’autres moments, d'un joli bleu d’azur, nécessitant de fréquents changements de réglage des voiles.

Nous aurons droit à un joli intermède en début de matinée lorsqu’un labbe choisit la tête de Jean pour s’y poser. Il y restera une bonne demi-heure !

J10 ~ Mercredi 2/11

Nous sommes sortis du pot au noir – il aura été bien coopérant - et avons eu droit à une superbe journée avec un vent soutenu. Plusieurs équipiers en ont profité dans l’après-midi, pour faire de la balançoire, pendus à une drisse, affleurant la surface de l’océan alors que le bateau était bien gîté !

J10 ~ Jeudi 3/11

Nous avons passé l’Équateur en début de nuit, il n’a pas été fêté par les néophytes du passage de la ligne, mais en milieu de journée quelques bouteilles de champagne ont été débouchées.

En fin de matinée, deux fous ( fous à pieds rouges ? ) sont venus nous rendre visite, preuve que nous ne sommes pas très loin des côtes de l’île Fernando de Noronha à 500 kilomètres au nord-est des côtes du Brésil. Il avait été envisagé d’y faire une escale mais nous sommes 80 kilomètres dans son ouest et il nous faudrait tirer des bords contre le vent pour rejoindre cette île superbe protégée et inscrite sur la liste du Patrimoine Mondial de l’Unesco. Avec le vent plutôt calme de la majeure partie de notre traversée et la perte de notre génois, nous sommes un peu en retard sur notre plan de marche et à regret, nous poursuivons plein sud. En soirée, Goulven transformera le bateau en « Pen Duick crêperie » .

J13 ~ Dimanche 6/11

Au jour, avec l’excellente visibilité d’un ciel pur, on commence à apercevoir les côtes du Brésil.

Un peu après 10 heures, nous embouquons l’estuaire du Rio Potenji qui coupe la ville de Natal en deux et à 11 heures, Pen Duick est mouillé devant le Iate Club do Natal. Ça fait une drôle d’impression d’être là, immobile à l’ancre, devant une ville inconnue, après neuf jours de mer et 1.700 milles nautiques depuis l'île de Fogo ! Pendant que certains partent à la découverte de la ville, avec Sandra, Gérard, le deuxième Jean et Joseph, nous avons pris un taxi et rallié un grand supermarché ouvert tous les jours de la semaine pour un approvisionnement en légumes et fruits frais. La taille de cet hyper est proportionnelle à celle de la ville et ses presque 800.000 habitants, mais en ce dimanche les rues comme le supermarché sont presque vides. Nous resterons un bon moment à découvrir des fruits et légumes inconnus chez nous …

En soirée, alors que la majeure partie de l’équipage est en ville, je suis resté à bord avec trois copains pour garder la barque mais Goulven se chargera de nous distraire en organisant un barbecue.

« Est-ce bien nécessaire d’avoir des rêves si nous n’en réalisons aucun » ( Nicolas Vannier ).


Carte avec la traversée du Cap Vert à Natal au Brésil - détails techniques - fichier GPS [ clic ]

→ Cliquer sur les photos pour les voir en grand format


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