L’Aubrac, c’est un vaste plateau volcanique à environ 1.200 mètres d’altitude dont le point culminant est le Signal de Mailhebiau ( 1.469 m ). Cette gigantesque table basaltique a conservé les traces d’éruptions avec des puys coniques, des chicots ou des orgues basaltiques qui ponctuent le paysage. Les glaciers du quaternaires ont par la suite remodelé le relief creusant de larges vallons au fond desquels apparaissent de petits lacs ou des tourbières. Les herbages occupent la quasi-totalité du plateau proposant une flore riche où les jonquilles, les narcisses et la gentiane offrent une palette merveilleuse de couleurs. Quelques villages et des centaines de burons émaillent ce paysage de pâturages quadrillés de murettes de pierres sèches.
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J01- Jeudi 4 juin ~ Aumont-Aubrac → Rieutort d’Aubrac
En raison de la chaleur, Vincent le propriétaire du gîte La Ferme du Barry, a avancé l'heure du petit déjeuner à 6 heures 30 ce qui m'a permis d'être dehors à 7 heures alors que les « Compostelles » peu expérimentés continuaient à traîner quand ils n'étaient pas encore en train de dormir !
Petit tour dans le village pour profiter du joli éclairage matinal et faire quelques photos, puis j'ai rejoint le GR.
Dès la sortie du village c'est un festival de genêts en fleurs, ils abondent dans les haies qui bordent le chemin mais aussi dans les champs et ils embaument d'un parfum envoûtant.
La première partie de l'étape se fait en traversant des sapinières ensuite ce sont les paysages si typiques de l'Aubrac : immenses prairies en fleurs, bordées de murettes de pierres sèches, pâtures où paissent d'aimables bovins qui vous regardent passer avec intérêt alors qu'on chemine entre 1.100 et 1.200 mètres d'altitude, le point le plus haut du jour étant à 1.250 mètres, deux kilomètres avant la fin de l'étape, une petite étape que j'ai menée à bon train !
Mon découpage d'étapes en deux portions de presque même longueur - ce n'est pas celui des topos-guides qui proposent 28 kilomètres un jour et 15 kilomètres le lendemain ( ! ) et on se demande bien pourquoi - m'amène à faire halte au gîte L'Ange Gardien à Rieutort d'Aubrac. Ce faisant j’évite la foule des marcheurs et pèlerins de Compostelle qui se presse pour atteindre Nasbinals. Accueil sympathique de Marie dans ce gîte que je connais déjà, hébergement en yourtes, dîner végétarien... Soirée calme avec trois allemands.
J02 – Vendredi 5 juin ~ Rieutort d’Aubrac → Saint Chély d’Aubrac
Petit dilemme, la chaleur impose de partir très tôt, mais le gîte communal de Saint-Chély d’Aubrac n'ouvre qu'à 14 heures, en principe... J'ai choisi pourtant de partir tôt, à la fraîche, et je me suis mis en marche de bonne heure.
La journée commence en suivant une petite route tranquille et plate ce qui permet de s'échauffer gentiment durant plus d'une demi-heure, ensuite le hameau de Montgros a été traversé à bonne allure et pourtant ça grimpe.
À ce rythme je suis vite arrivé à Nasbinals, 7 kilomètres après Rieutort d'Aubrac.
Dans la bosse qui suit et qui va me faire grimper durant deux heures passant de 1.180 m à 1.315 mètres d'altitude, je me suis pris au jeu et j'ai commencé à doubler les marcheurs partis de Nasbinals. Le parcours est superbe qui fait traverser des alpages suivant la Grande Draille, alpages d’où la vue s'étend fort loin.
Après Aubrac et sa domerie, débute la longue descente qui mène à Saint-Chély d’Aubrac, un sentier le plus souvent à l'ombre mais aussi bien mal pavé à plusieurs reprises. Finalement j'ai atteint le terme de mon parcours du jour à 11 heures 30, heureux d'avoir survolé cette étape d'un peu moins de 23 kilomètres. La forme serait-elle là ?
Si hier soir nous n'étions que quatre marcheurs au gîte de Rieutort, les autres ayant fait étape à Nasbinals sept kilomètres plus loin, voire à Montgros un peu avant, aujourd'hui tout le monde se retrouve dans les divers gîtes de Saint-Chély d'Aubrac, beaucoup au gîte municipal qui sera complet en soirée : ambiance très « chemin de Compostelle » sur cette portion du GR65, agitations, exhibitions pèlerines, fébrilité surfaite, prétentions... C'est devenu le cirque médiatisé des candidat(e)s à la poursuite du Saint-Graal jacobiste... Tout est permis pour arriver à Santiago et pouvoir caresser des reliques supposées : on parle fort, on s'agite...
Certains font le parcours avec des sacs énormes, feraient-ils du colportage pour financer leur expédition ? À moins que : un sac lourd est un sac bourré d’angoisse ( certains disent que la phrase est de Freud, mais je n’ai pas pu vérifier ) !
D'autres - ils sont les plus nombreux - cheminent sans sac ou avec un sac si petit que l'on comprend qu'il n'y a rien à l'intérieur ; leurs impédimentas voyageant par taxis, les pèlerins les retrouvent en arrivant à l'étape livrés par Transbagages ou La Malle Poste et dans les chambres du gîte c'est le déballage des valises, des sacs de voyage. Dans mon sac - qui m’assimilerait presque à cette deuxième catégorie - j’ai tout ce qu’il me faut et n’ai jamais manqué de rien pourtant je ne porte que 5,5 à 6 kg ( selon la saison et le trek, eau en plus ) !
Aujourd'hui il me faut accepter ce cirque, mais demain quittant le GR65 caminesque pour m'engager sur le GR6 montant vers la Croix de la Rode et le refuge des Rajas, je retrouverai la solitude et la tranquillité.
Carte avec le parcours d'Aumont-Aubrac à Rieutort d'Aubrac - détails techniques - fichier GPS [ clic ]
Carte avec le parcours Rieutort d'Aubrac à Saint Chély d'Aubrac - détails techniques - fichier GPS [ clic ]
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